« Une fleur, Une vie » 2019
Une journée de sensibilisation et d’accompagnement au deuil périnatal.
Par Jehanne Vion
Cette année encore j’étais sur l’événement « Une fleur, Une Vie » avec ma collègue Emmanuelle de Larminat, nous avons proposé un projet de fresque collective qui s’est complétée toute la journée près du bouquet de roses.
Une vie, une famille, un arbre, une forêt …
Le thème de cette nouvelle édition « une fleur, une vie » s’adresse tout autant aux parents endeuillés qu’à leurs proches. « Les mots et les gestes » qui soutiennent, qui portent mais qui parfois blessent.
Face au drame et à la souffrance, que dire ? Que faire ? Un mot, une phrase ? Parler ? Ne rien dire pour ne pas raviver pas la peine ? Etre positif ? Plonger avec ces parents en pleurs dans la douleur ? Trop en parler ? Ne pas assez en parler ? Regarder, tourner les yeux ? Tendre une main, rire, pleurer, courir, tomber …
Comment soutenir les parents qui vivent la perte d’un enfant, d’un bébé ? Comment trouver ce dont ils ont besoin, alors même que ces besoins sont flous pour eux, peuvent être changeants d’une heure à l’autre. Comment accompagner cette peine immense dans la temporalité de la vie qui coure dans une agitation qui a perdu le sens pour ces parents-là.
Cet enfant pro-jetait les jeunes parents, vers un Avenir. Il est resté là, à tout jamais dans un Présent si dur à vivre… Quel contre sens, quel non-sens ! La tristesse, la révolte, la détresse animent alors les parents endeuillés qui se débattent avec un sens de la vie incertain et questionnable.
Grands-parents, amis, famille, vous voyez vos propres enfants, votre frère, votre sœur, s’effondrer, pleurer, perdre le fil de la relation dans le chaos du drame. Vous vous inquiétez pour eux, vous avez envie qu’ils aillent mieux, vous avez envie d’effacer cette peine et que la vie reprenne. Parfois, vous aussi vous vous enlisez dans ce malheur et vous n’arrivez plus à espérer malgré tout … Nous le savons l’entourage joue un rôle précieux dans l’accompagnement des parents en deuil, et pourtant il est tellement difficile pour les personnes les plus proches de se trouver au bon moment, à la bonne place, avec les bons mots et les bons gestes. Et si nous acceptions de nous tromper ? Essayons, tombons, recommençons. Non dans une complaisance tournée vers le passé, ni avec trop de stimulations tournée vers l’avenir, mais dans un présent douloureux qui va s’étendre, se distendre.
Dans une période de deuil, le temps prend une autre valeur. C’est un trait d’union entre ce passé où tous les espoirs offerts par cet enfant-là apportaient de la joie ; et un futur sans cet enfant et la peine de ce manque qui sera toujours là. Dans cet entre-deux, il y a ce présent qui va prendre toute la place. Toute la place qu’aurait dû prendre l’arrivée d’un enfant dans toute une vie. Là, il a un présent furtif, et cette vie si courte, déjà finie, qui ne laisse que son intensité à vivre dans cet espace-temps outrageusement court.
Peut-être que se tenir « là », dans ce présent-là, auprès des parents peut permettre d’ajuster nos mots, nos gestes au plus proche de ce qu’ils vivent. Et si nous nous trompons ? Excusons-nous et recommençons. Accordons aux parents ce temps pour que ce tout petit trouve sa place au sein de la famille. Co-construisons avec eux cette place.
C’est la proposition de l’atelier collectif cette année lors de la journée « Une fleur Une vie », le 11 mai 2019 : Réalisez l’arbre familial de cet enfant. Où va-t-il s’inscrire, qui va l’entourer, qui entourent les parents ? Les mots, les gestes qui relient les membres de cette famille, biologique ou de cœur, s’inscriront le long des branches pour les renforcer. Un enfant, une famille, un arbre qui trouvera sa place sur la fresque collective. Ainsi l’enfant aura fait son nid au sein de cet arbre familial et s’inscrira dans la forêt et le monde partagé.
Les parents, les grand-parents, les frères et sœurs, les amis, ont créer les arbres avec les papiers, couleurs, laine; seul ou en famille. Ils ont inscrit alors leur enfant au sein de leur généalogie et leur arbre dans la foret.
Jehanne Vion – Art-thérapeute